L'inclusion du genre dans la R&D « gagne du terrain en Ouganda »

LECTURE RAPIDE]

1.Le genre et l’inclusion est l’un des six thèmes de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique
2.Ce sujet alimente les débats en Ouganda sur la question du genre dans la recherche et développement  
3.L’Ouganda doit réformer le financement et la gestion de la recherche et développement pour favoriser le développement durable

[KAMPALA] L’inclusion des femmes dans l’écosystème de la recherche en Ouganda retient de plus en plus l’attention, mais ce pays doit faire davantage pour favoriser la recherche en vue d’un développement durable, selon un membre de premier plan de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS).

Steven Sebbale, secrétaire exécutif adjoint par intérim et responsable de l’équipe chargée des questions de genre au Conseil national pour la science et la technologie (UNCST) en Ouganda, indique qu’avant que l’IOSRS n’introduise un axe thématique sur l’inclusion des femmes, il n’existait pas de structure pour aborder les questions de genre en recherche et développement (R&D).

Le genre et l’inclusion constituent l’un des six thèmes de l’IOSRS, inaugurée en mars 2015.

« Au fil des années, nous avons été impliqués à différents niveaux dans le travail de l’IOSRS », explique Steven Sebbale dans un entretien qu’il a accordé au Conseil de la recherche en sciences humaines en Afrique du Sud.

De nouveaux partenariats

Il ajoute que ce nouvel axe, sur le genre et l’inclusion des femmes, a permis quelques avancées.

« Nous avons stimulé l’enthousiasme au sujet de la parité femmes-hommes et de l’inclusion des femmes dans le domaine de la recherche, des thèmes que nous avons vraiment placés au centre de notre programme », ajoute-t-il.

Le conseil, indique-t-il, a mis sur pied il y a deux ans une commission sur le genre qui défend activement l’inclusion des femmes dans ses procédures de recherche et développement.

« Nous sommes aussi au coeur de [l’] espace de décision des politiques scientifiques, alors nous essayons d’intégrer les questions de genre partout où nous avons une certaine influence. »

Steven Sebbale ajoute que le Conseil établit un dialogue sur l’inclusion des femmes avec d’autres institutions ougandaises, par exemple le Conseil ougandais pour l’enseignement supérieur et l’Académie ougandaise des sciences.

« Nous évoquons les questions de genre lors de nos conversations (…) et nous constatons un enthousiasme certain à ce sujet », ajoute-t-il.

Mais, en dépit des progrès accomplis, il estime qu’il reste « beaucoup à faire » pour intégrer l’inclusion des femmes dans la recherche et développement, parce qu’un grand nombre d’aspects en sont encore au stade conceptuel.

« Il n’est pas exagéré de dire, au vu des débats que nous menons, que la pertinence de la question du genre est acquise. (…) Toutes les parties prenantes s’accordent pour admettre que c’est un problème auquel il faut s’attaquer tout de suite. »

« Nous savons que nous en avons assez parlé. Le moment est venu d’agir. »

Les conclusions de la recherche en Ouganda

Lors d’une seconde interview, Steven Sebbale a indiqué que le nouveau rapport sur les conclusions de la recherche en Ouganda, qui a été rendu public le 21 juin, montre que le financement de la recherche dans le pays dépend en grande partie des donateurs.

« De nouvelles options de financement dans le secteur privé, comme le capital-risque, peuvent accélérer le rythme des progrès réalisés dans des secteurs qui connaissent une faible croissance », ajoute-t-il.

Selon lui, le système de recherche en Ouganda se développe, mais il pourrait le faire plus rapidement. Il estime qu’il faut fournir des efforts supplémentaires pour accompagner les chercheurs afin qu’ils puissent avoir un impact social de manière durable.

« Etant donné que l’Ouganda a pour ambition d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2030, on ne dira jamais assez à quel point la recherche est importante. »

« Toutefois, les réformes engagées sur la manière dont la recherche est gérée, financée et interconnectée, joueront un rôle clé pour que le système tire parti des opportunités d’une croissance qui soit inclusive, durable et évolutive. »

« Autre chose que nous avons constaté : on démontre rarement l’importance de la gestion et de la valeur du savoir. La recherche est effectuée comme une fin en soi, plutôt que comme un moyen. »

Ce travail a été financé par le Centre de recherches pour le développement international à Ottawa, au Canada. Les opinions exprimées ne sont pas forcément celles du Centre ou de son Conseil de gouverneurs.