Des politiques et des actions fortes sont « nécessaires pour encourager la parité femmes-hommes »

1.L’héritage d’anciennes politiques persiste en ce qui concerne les questions liées au genre :
2.Une nouvelle approche aide les conseils à revoir leurs politiques pour favoriser la parité femmes-hommes en sciences
3.Mais il faudra un peu de temps pour que cela porte ses fruits

[JOHANNESBURG] Des politiques plus fortes et des actions concrètes sont nécessaires pour garantir la parité femmes-hommes dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation, selon des scientifiques qui assistaient à une rencontre sur les questions liées au genre.

L’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS) a pour objectif de contribuer à l’excellence scientifique, à la rigueur et à la pertinence sociale de la recherche et développement. Elle a organisé en Afrique du Sud, en février, un sommet de formation sur le genre et l’inclusion des femmes au cours duquel les conseils scientifiques participants ont identifié les voies et moyens de redéfinir les priorités sur ces sujets, en fonction du contexte, pour changer les choses.

« Quand on pense à la manière dont les questions liées au genre et à l’inclusion des femmes sont traitées au sein des conseils de financement des sciences, nous devons reconnaître que, lorsque nous avons commencé à travailler dans les sciences et dans la recherche, [et] que nous avons créé les conseils de financement, ils ont été mis sur pied principalement par des hommes », indique Ingrid Lynch, principale enquêtrice pour le genre et l’inclusion des femmes du projet de l’IOSRS au sein du Conseil de la recherche en sciences humaines, en Afrique du Sud.

« De plus, une partie de cet héritage subsiste à ce jour. »

Selon Ingrid Lynch, l’IOSRS a créé le projet sur le genre et l’inclusion des femmes avec, comme objectif, de faire en sorte que les femmes puissent jouer un rôle dans le domaine scientifique en Afrique.

« Nous travaillons avec des conseils de financement des sciences de 16 pays africains qui sont partie prenante de cette initiative, et il s’agit d’un projet participatif », explique-t-elle.

Parmi les pays impliqués, on compte le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Malawi, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe. 

Cephas Mensah, directeur adjoint au Ministère de l’environnement, de la science, de la technologie et de l’innovation au Ghana, estime qu’il faut s’attaquer au problème de la faible représentation des femmes dans les hautes sphères scientifiques.

Il faut, selon lui, une « stratégie politique consciente » pour encourager la participation des filles et des femmes au monde de la science.

La deuxième phase du projet de l’IOSRS sur le genre et l’inclusion des femmes, qui a commencé en 2020, a eu pour conséquence que les 16 conseils de subventions se sont attaqués à la question du genre et de l’inclusion des femmes dans leurs politiques, selon la principale enquêtrice du projet, Heidi Van Rooyen.

« Nous travaillons avec les conseils depuis deux ans et demi dans des conditions difficiles, parce que le COVID-19 nous a donné du fil à retordre, et nous avons dû nous adapter », explique Heidi van Rooyen, par ailleurs responsable de groupe au Centre d’impact du Conseil de la recherche en sciences humaines.

« Ce sommet d’apprentissage nous permet à présent de marquer une pause, de prendre du recul et de nous féliciter, avec les membres du conseil, pour tout ce que nous avons pu réaliser. »

Madeleine Kennedy-Macfoy, directrice exécutive de Gender at Work, une organisation partenaire de l’IOSRS dans le cadre de la mise en oeuvre du projet sur le genre, a insisté sur le fait qu’il est important d’aborder les questions sous différents angles pour que les gens puissent « penser différemment et imaginer une situation autre, imaginer un changement ».

Oatumetse Olivia Seabe, responsable scientifique au Département recherche, science et technologie au Botswana, estime pour sa part que les projets liés à la question du genre font faire face à un obstacle bien spécifique qui est l’absence de sensibilisation.

« Individuellement, nous avons beaucoup appris et nous avons changé, et il y a aussi eu une prise de conscience au sein des conseils », ajoute-t-elle.

Hildegalda Mushi, chargé de recherche à la Commission pour la science et la technologie, en Tanzanie, émet des réserves. Selon elle, même si la lutte pour l’égalité des genres n’est pas nouvelle, l’approche du projet est un peu différente et il faudra du temps pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde avant sa mise en œuvre. 

Deborah Kasule, responsable de la recherche au Conseil national pour la science et la technologie, en Ouganda, explique que le fait que l’accent soit mis sur la méthodologie de la formation, qui consiste à toucher les gens au « cœur », en faisant appel à leurs sentiments, donne une idée de ce qui, in fine, influence l’adoption et l’intégration des stratégies.

Le travail réalisé dans le cadre du projet est fait en profondeur et demande du temps, ajoute Heidi Van Rooyen.

« Si, à l’arrivée, les conseils ont le sentiment qu’il s’agit d’un travail crucial, et qu’ils veulent aller plus loin, à terme, en intégrant les questions de genre et d’inclusion des femmes, nous n’aurons pas perdu notre temps », a-t-elle ajouté.

Ce travail a été financé par le Centre de recherches pour le développement international à Ottawa, au Canada. Les opinions exprimées ne sont pas forcément celles du Centre ou de son Conseil de gouverneurs.