L'Ouganda doit combler l'écart femmes-hommes et le déficit de financement des sciences

Un quart seulement des personnes qui ont obtenu un PhD ces dix dernières années en Ouganda étaient des femmes
Des réformes sont nécessaires pour encourager l’inclusion des femmes dans les sciences, la technologie et l’innovation (STI)  
Les investissements privés dans le financement des STI doivent être encouragés

[KAMPALA] Delon un rapport, il faut prendre des mesures d’urgence pour améliorer l’inclusion des femmes et le financement de la recherche sur les sciences, la technologie et l’innovation (STI) afin d’accélérer le passage de l’Ouganda au statut de pays à revenu intermédiaire.

Le rapport, intitulé Conclusions de la recherche en Ouganda, a été rendu public le 21 juin à l’occasion de la réunion de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique, qui a pour objectif de renforcer le potentiel des agences publiques de financement de la science en Afrique sub-saharienne.

Ce rapport met en évidence des problèmes comme la différence d’accès à l’enseignement supérieur selon les genres et le financement insuffisant des STI.

« Entre 2010 et 2020, moins d’un quart (24%) des Ougandais qui ont obtenu un PhD étaient des femmes », selon le rapport.

Il ajoute que l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques en Ouganda est dominé par les hommes, et que cela doit changer.

Les décideurs admettent que les sciences et la technologie ont un rôle fondamental à jouer dans le développement de l’Ouganda.

Monica Musenero Masanza, la ministre des Sciences, de la technologie et de l’innovation de l’Ouganda, qui a lancé ce rapport, a indiqué que le pays était déterminé à faire en sorte que la recherche joue un rôle prépondérant dans la lutte contre la pauvreté.

Elle a appelé à la mise en place de systèmes pour s’assurer que la recherche contribue au développement durable.

« Publier ses recherches dans une revue scientifique de haut niveau, ce n’est pas de la science [si cela ne profite pas aux nations] », a-t-elle estimé.

« La science est censée aider les nations à lutter contre la pauvreté et le sous-développement. »

« Tout ce qui ne contribue pas à atteindre les objectifs nationaux et continentaux pour éradiquer la pauvreté et lutter contre le sous-développement ne nous aide en rien. »

« Réformes accélérées »

Martin Ongol, secrétaire exécutif par intérim du Conseil ougandais pour la science et la technologie (UNCST), écrit dans ce rapport : « La réforme de l’enseignement des STI, l’inclusion des femmes, la diversification des options de financement de la recherche, l’utilisation des résultats de la recherche par le secteur privé et la mobilisation de la collaboration entre chercheurs sont quelques-uns des facteurs clés qui doivent faire l’objet d’une procédure accélérée. »

Toutefois, certaines initiatives destinées à promouvoir l’inclusion des femmes dans le monde de la recherche sont aussi mises en avant dans ce rapport.

En 2019, l’UNCST et le Réseau international pour la promotion des sciences et des politiques, une organisation britannique, ont mis en place l’Alliance pour l’équité entre les genres dans la recherche (GERA).

La GERA dispose d’un statut d’organisation non gouvernementale depuis 2021 et compte actuellement des membres répartis dans 70% des universités en Ouganda.

Le rapport, qui pointe un certain nombre de défis et de solutions liés à l’investissement dans la recherche sur les STI, ajoute que les budgets de la recherche en Ouganda, alimentés par des fonds publics, sont toujours « largement chapeautés depuis l’étranger ».

« Il faut explorer de nouveaux modèles directs et / ou indirects de financement de la recherche, pour encourager les acteurs du secteur privé à investir dans la recherche », selon ce rapport.Ce travail a été financé par le Centre de recherches pour le développement international à Ottawa, au Canada. Les opinions exprimées ne sont pas forcément celles du Centre ou de son Conseil de gouverneurs.