Le plaidoyer pour l'égalité des sexes rencontre des difficultés

1.L’égalité des genres est un élément clé de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS)
2.Mais les efforts déployés pour promouvoir l’égalité des genres en Afrique sont toujours en butte à des obstacles  
3.Il faut davantage de plateformes pour mettre en exergue le travail des femmes et jeunes filles dans le cadre des STIM

[ACCRA] Un programme régional de sensibilisation à l’égalité des genres aide les chercheures en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) à obtenir des financements par le biais de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS), mais des obstacles subsistent.

L’égalité des genres est un élément clé de l’Initiative, mise sur pied en 2015 pour renforcer le potentiel des agences publiques de financement des sciences en Afrique sub-saharienne pour soutenir la recherche et des politiques basées sur des données probantes afin de stimuler le développement économique et social.

«  Le but de cette initiative de sensibilisation est de rendre les femmes plus compétitives et que les pays africains puissent conclure des partenariats entre eux pour atteindre leurs objectifs », indique Tirelo Ramasedi, en charge de l’égalité des genres et de l’inclusion des femmes au Département Recherche et Savoir au Botswana.

Cette initiative pour l’égalité des genres a pour ambition de développer les compétences des femmes en Afrique sub-saharienne, afin d’intégrer la question du genre dans la science, la technologie et l’innovation.

Tirelo Ramasedi, qui a assisté au Sommet sur le genre qui s’est tenu au Ghana du 8 au 9 juin        , a ajouté que le Botswana avait pris un certain nombre d’initiatives pour augmenter la participation des femmes dans le domaine de la science et de la technologie, et pour inspirer la prochaine génération de chercheuses, technologues et innovatrices.

On compte parmi ces initiatives un programme qui donne à des jeunes femmes la possibilité d’être accompagnées par des mentors.

« Cela se fait au niveau régional par le biais de la Communauté de développement de l’Afrique australe », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que le Botswana a signé en 2022 la Charte pour les femmes dans les domaines de la science, de l’ingénierie et de la technologie, dans le cadre des efforts mis en œuvre pour promouvoir l’égalité des genres.

« Encore du chemin à parcourir »

Les efforts visant à favoriser l’égalité des genres et l’inclusion des femmes correspondent au cinquième Objectif de développement durable (ODD), qui vise à atteindre l’égalité des genres et d’autonomiser toutes les filles d’ici 2030.

Mais Ingrid Lynch, enquêtrice à l’IOSRS, indique que, selon les données disponibles, les pays africains accusent un retard dans ce domaine.

Elle a ajouté que les initiatives prises pour lutter contre les inégalités, par exemple le « retour » à l’école après une grossesse, ne sont pas suivies d’effet, parce que seule une poignée de pays africains ont adopté des politiques apportant un soutien financier aux jeunes filles qui souhaitent continuer leur scolarité à la suite d’une grossesse.

« Une fillette qui a 10 ans aujourd’hui verra l’égalité des genres devenir une réalité dans les écoles secondaires du Kenya quand elle aura 100 ans », a-t-elle ajouté. « Pour celles qui vivent au Burkina Faso et au Sénégal, cela n’arrivera pas de leur vivant. »

Les femmes représentent un tiers des chercheurs en Afrique sub-saharienne et seuls un tiers des pays de la région disposent de données sur l’égalité des genres, toujours selon Ingrid Lynch, par ailleurs responsable de recherche au Conseil de la recherche en sciences humaines en Afrique du Sud.

Elle a appelé à « une intervention ciblée pour apporter un soutien aux chercheuses en les finançant afin d’améliorer leur compétitivité et en assurant des formations aux donateurs ».

L’IOSRS est mise en oeuvre dans les différentes régions d’Afrique sub-saharienne, notamment dans des pays comme le Botswana, le Kenya, le Ghana et la Tanzanie.

Cette initiative reçoit des financements des organismes suivants : le Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, le Centre de recherches pour le développement international du Canada, la Fondation nationale pour la recherche d’Afrique du Sud, l’Agence suédoise de coopération pour le développement international, la Fondation allemande pour la recherche, et l’Agence norvégienne de coopération pour le développement.

Adelaïde Asantewaa Asante, directrice des opérations à l’Institut africain pour les sciences mathématiques au Ghana, a indiqué que la sensibilisation à l’égalité des genres au niveau régional n’avait pas eu beaucoup d’impact au Ghana.

Elle a ajouté qu’il était nécessaire d’innover, de consolider et de pérenniser les avancées réalisées, par le biais du rôle que jouent les femmes et les jeunes filles dans le domaine des sciences.

Elle a expliqué qu’à l’école, on associe à des figures masculines la plupart des concepts scientifiques enseignés.

« Bien que les femmes représentent la moitié de la population mondiale, elles sont sous représentées dans le domaine des STIM », a-t-elle ajouté.

« Des inégalités liées au genre persistent, tant dans l’éducation que dans les opportunités d’emploi. »

Elle estime qu’il n’existe pas assez de plateformes de collaboration pour les scientifiques ghanéennes, ce qui ralentit les progrès réalisés pour atteindre le cinquième ODD.

Pour elle, il faudrait davantage de plateformes pour mettre en avant le travail réalisé par les femmes dans le domaine des sciences, en particulier les femmes en situation de handicap.

Ce travail a été financé par le Centre de recherches pour le développement international à Ottawa, au Canada. Les opinions exprimées ne sont pas forcément celles du Centre ou de son Conseil de gouverneurs.