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[ADDIS ABABA, SciDevNet] Pendant des années, Fentie Wabi a travaillé comme pêcheur sur le lac Tana, en Éthiopie, jusqu’à ce qu’un envahisseur vert agressif vienne tout changer. La jacinthe d’eau,…
- Des chercheurs transforment la jacinthe d'eau envahissante en biogaz
- Les communautés bénéficient de combustibles de cuisson et d'engrais
- L'appui des pouvoirs publics est nécessaire pour soutenir l'élargissement
[ADDIS ABABA, SciDevNet] Pendant des années, Fentie Wabi a travaillé comme pêcheur sur le lac Tana, en Éthiopie, jusqu’à ce qu’un envahisseur vert agressif vienne tout changer.
La jacinthe d’eau, une mauvaise herbe aquatique qui se répand rapidement, a commencé à étouffer le lac qui faisait vivre sa communauté.
« Au fur et à mesure que les mauvaises herbes se développaient, nous ne pouvions plus naviguer sur nos bateaux. Elles ont endommagé nos filets et nous ne pouvions plus pêcher dans les zones où nous avions l’habitude de le faire », a-t-il déclaré.
« Cette plante envahissante n’endommage pas seulement l’écosystème du lac, elle menace les moyens de subsistance des communautés qui dépendent de ces eaux pour leur alimentation, leurs revenus et l’eau potable ».
Yezbie Kassa, professeur adjoint en sciences halieutiques et aquatiques, Université de Gondar
Désireux de récupérer leurs eaux, les pêcheurs du village de Shehagomngie, dans le district de Gondar Zuriya, ont essayé d’enlever la jacinthe à la main. Mais ce travail éreintant n’a donné aucun résultat.
« Même après que nous les ayons enlevés, ils ont rapidement repoussé », témoigne Fentie Wabi. « Les déchets se sont accumulés autour de nous, occupant toutes les terres avoisinantes. »
Lorsque les chercheurs ont présenté un projet de biogaz à la communauté locale, il s’est d’abord porté volontaire.
Cette approche innovante a permis de convertir les mauvaises herbes envahissantes en sources d’énergie domestique telles que le combustible de cuisson, tout en débarrassant l’eau des mauvaises herbes.
« L’installation du système de biogaz a fait une grande différence », confie-t-il.
Sa famille utilise désormais le gaz pour cuisiner et s’éclairer, réduisant ainsi sa dépendance au bois de chauffage.
Fentie Wabi utilise également les restes de lisier biologique comme engrais dans sa petite ferme, avec des résultats prometteurs. Le rendement de son maïs et de ses légumes est désormais supérieur à celui des saisons précédentes, lorsqu’il utilisait des engrais chimiques.
« Depuis que j’ai commencé à appliquer le lisier, mes cultures poussent mieux et ont l’air plus saines », explique-t-il.
« Je n’ai plus besoin d’acheter des engrais coûteux au marché, ce qui me permet d’économiser de l’argent. »
Invasion rapide
Yezbie Kassa, chercheur principal du projet et professeur adjoint en sciences halieutiques et aquatiques à l’université de Gondar, a visité le lac Tana dans le cadre de sa recherche doctorale.
Au cours de cette période, elle a été témoin de changements drastiques dans l’écosystème, la jacinthe d’eau s’étendant dangereusement sur le lac.
« Cette plante envahissante n’endommage pas seulement l’écosystème du lac, elle menace les moyens de subsistance des communautés qui dépendent de ces eaux pour leur alimentation, leurs revenus et l’eau potable », soutient-elle.
Malgré des années de nettoyage communautaire et d’efforts d’élimination de la part du gouvernement, la plante a continué à se propager.
« L’usine se développait rapidement et déplaçait les espèces indigènes », se souvient l’universitaire. « Même là où elle a été enlevée, les déchets se sont accumulés dans les villages, posant de nouveaux problèmes environnementaux et sanitaires. »
Si la mauvaise herbe n’est pas utilisée d’une manière ou d’une autre, les efforts d’éradication ne seront pas durables.
« J’ai vu qu’il était urgent de transformer cette plante envahissante en quelque chose d’utile », ajoute-t-elle. « C’est ainsi qu’est née l’idée du biogaz, par nécessité et par opportunité », précise-t-elle.
Énergie verte
Yezbie Kassa a remarqué que la jacinthe d’eau en décomposition dégageait une substance huileuse, ce qui lui a donné l’idée de l’utiliser comme source d’énergie.
Elle a vu un potentiel dans la conversion des déchets en biogaz tout en utilisant le sous-produit restant comme engrais, offrant ainsi un double avantage pour l’accès à l’énergie et la productivité agricole.
Selon elle, le processus est simple. Les déchets de jacinthe d’eau et les déjections animales sont collectés et introduits dans des digesteurs de biogaz.
Pendant plusieurs semaines, la matière organique se décompose pour produire du biogaz dans le cadre d’un processus connu sous le nom de digestion anaérobie. Le biogaz se compose principalement de méthane et de dioxyde de carbone.
Le lisier restant, appelé bioslurry, devient un engrais naturel.
Yezbie Kassa souligne que la jacinthe d’eau produit un volume de biogaz plus important que beaucoup d’autres matériaux en raison de sa teneur en matières volatiles. Elle produit également une plus forte concentration de méthane et moins de gaz nocifs, ce qui la rend plus saine et plus respectueuse de l’environnement.
Bien que le projet pilote n’ait été mis en œuvre que dans cinq ménages, il a servi de preuve de concept et de source d’apprentissage communautaire.
Au départ, de nombreux villageois étaient sceptiques, mais « une fois qu’ils ont vu les premières lumières et senti le gaz de cuisson, ils ont changé d’avis et se sont montrés enthousiastes », fait-elle savoir.
Selon elle, les femmes bénéficient particulièrement de cette innovation, car elles n’ont plus à passer de longues heures à ramasser du bois de chauffage ou à cuisiner sur des fourneaux fumants.
Soutien du gouvernement
Getachew Sime Feyissa, professeur associé d’agroécologie à l’université de Hawassa, en Éthiopie, explique que la transformation des plantes envahissantes en biogaz, en biofertilisants, en produits artisanaux ou en aliments pour animaux est une approche de plus en plus populaire.
« Ces méthodes présentent un double avantage. Elles atténuent les incidences sur l’environnement tout en créant des moyens de subsistance », souligne-t-il.
« Mais pour que ces solutions dépassent les phases pilotes et aient un impact réel, elles ont besoin d’un soutien gouvernemental plus fort, d’un financement dédié et d’un soutien politique ciblé. »
Les problèmes de sécurité dans les zones rurales de conflit en Éthiopie et l’augmentation des coûts de construction rendent difficile l’expansion de ce projet de biogaz.
« Les réservoirs de biogaz nécessitent des matériaux importés, qui sont coûteux », ajoute Yezbie Kassa, qui exhorte le gouvernement à offrir des subventions afin de rendre ce système viable pour un plus grand nombre de familles.
« L’organisation des ménages en coopératives est un autre moyen de partager les charges financières et matérielles. »
La jacinthe d’eau se propageant rapidement dans la vallée du Rift en Éthiopie et dans d’autres lacs, elle estime que le modèle est extensible.
« Les parties prenantes, du niveau fédéral au niveau local, ont manifesté un grand intérêt », ajoute-t-elle. « Elle suivent le projet avec enthousiasme et j’espère que cela permettra de l’étendre à d’autres régions.
« Avec un soutien politique fort, un financement adéquat et une coordination entre les secteurs, cette innovation peut être mise à l’échelle pour bénéficier aux communautés à travers le pays. »
Cet article a été produit par le bureau anglais de SciDev.Net pour l’Afrique sub-saharienne.
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