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Au Ghana, les communautés redécouvrent le potentiel des matériaux de construction traditionnels pour favoriser la durabilité et la résilience climatique. Une équipe de recherche dirigée par Callistus Tengan, professeur de…

Au Ghana, les communautés redécouvrent le potentiel des matériaux de construction traditionnels pour favoriser la durabilité et la résilience climatique.

Une équipe de recherche dirigée par Callistus Tengan, professeur de gestion de la construction à l’université technique de Bolgatanga, fait progresser cette mission en intégrant des matériaux écologiques, des énergies renouvelables et des technologies intelligentes dans la construction.

Le projet, financé par Science Granting Council Initiatives (SGCI) et le ministère ghanéen de l’environnement, de la science, de la technologie et de l’innovation (MESTI), vise à réduire les émissions de carbone, à améliorer l’efficacité énergétique, à créer des opportunités économiques locales et à ouvrir de nouvelles voies pour le développement de la construction écologique au Ghana.

L’initiative repose sur quatre piliers : la réalisation d’évaluations du cycle de vie et de l’environnement des matériaux conventionnels, l’identification de matériaux alternatifs ayant une empreinte environnementale réduite, le développement de prototypes combinant des méthodes traditionnelles avec des énergies renouvelables et des technologies intelligentes, et l’engagement des communautés pour favoriser l’adoption de ces matériaux.

Les chercheurs. Crédit – Prof. Callistus Tengan

Les résultats attendus comprennent la sensibilisation aux choix de construction durable, la fourniture aux constructeurs d’outils numériques pour les matériaux locaux et le suivi de l’empreinte carbone, et la création de cadres pour la participation de la communauté.

En fin de compte, le projet vise non seulement à renforcer la résilience climatique, mais aussi à éclairer les politiques futures en matière de construction durable.

Dans cet entretien, Tengan nous en dit plus sur les résultats, les défis et l’impact du projet.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet ? Pourquoi vous concentrer sur les matériaux de construction traditionnels au Ghana ?

La motivation pour se lancer dans ce projet est née du désir de l’équipe de recherche de contribuer à la réalisation des objectifs mondiaux en matière de durabilité, en particulier les objectifs de développement durable des Nations unies.

L’équipe de recherche a réfléchi à la manière dont les matériaux de construction traditionnels, qui sont respectueux de l’environnement et pour la plupart renouvelables, peuvent être exploités en améliorant leurs propriétés pour servir les mêmes objectifs que les matériaux de construction conventionnels.

Ces matériaux de construction conventionnels sont à l’origine d’émissions de carbone et d’une consommation d’énergie considérables (du fait de leur extraction et de leur production), ce qui entraîne un changement climatique, un réchauffement de la planète et d’autres problèmes environnementaux et climatiques connexes.

C’est pourquoi l’équipe de recherche s’est concentrée sur les matériaux traditionnels de la région de l’Upper East afin de faciliter la construction et le développement durables dans la région.

Pouvez-vous nous dire comment les matériaux conventionnels échouent en termes de durabilité ou de résilience climatique ?

Les matériaux de construction conventionnels ont un taux élevé de carbone incorporé par rapport aux matériaux de construction traditionnels.

Ils nécessitent généralement une consommation d’énergie importante lors de leur production et de leur fabrication.

Ils contribuent également à l’épuisement des ressources, au changement climatique, à l’appauvrissement de la couche d’ozone et au réchauffement de la planète.

De même, les matériaux conventionnels tels que les murs en ciment et en béton ont une faible masse thermique par rapport aux murs en terre, ce qui a pour effet d’emprisonner la chaleur pendant la journée et de créer des environnements intérieurs inconfortables qui entraînent une demande de refroidissement artificiel par le biais de ventilateurs ou d’air conditionné.

Cela augmente la consommation d’énergie opérationnelle et les coûts d’électricité dans les climats chauds comme la région de l’Upper East au Ghana.

Enfin, les matériaux de construction conventionnels sont rigides et susceptibles de se fissurer sous l’effet de la dilatation thermique due à l’augmentation des températures.

Quelles ont été les conclusions les plus surprenantes des évaluations environnementales et des évaluations du cycle de vie ?

Nous avons constaté que les briques de latérite séchées à l’air et partiellement renforcées par des fibres de noix de coco présentaient la résistance à la compression la plus élevée lors des essais, ce qui constitue un choix durable pour le Ghana en raison de leur empreinte carbone intrinsèque et de leur dépendance moindres.

Cette découverte permet de réaliser de meilleures économies d’énergie que les briques de latérite et les blocs de béton de sable existants.

Les briques de latérite sont fabriquées à partir d’une terre naturelle riche en fer et en aluminium, connue sous le nom de latérite, qui se forme dans les climats tropicaux humides.

La terre est recueillie, réduite en poudre, mélangée à des stabilisateurs tels que la fibre de coco, puis séchée ou durcie.

Briques de latérite séchées à l’air. Crédit : Prof. Callistus Tengan

Comment avez-vous intégré les énergies renouvelables et les technologies intelligentes dans des structures traditionnelles ? Des exemples concrets ?

Nous avons installé des panneaux solaires sur les toits pour fournir de l’électricité et mis en place des capteurs intelligents pour réguler l’éclairage et la climatisation en fonction des mouvements et de la température.

À l’éco-village d’Asaa à Yorogou, dans la municipalité de Bolgatanga, ces technologies ont permis de réaliser de réelles économies d’énergie.

Quels types d’outils numériques avez-vous introduits et comment sont-ils utilisés par les constructeurs ou les communautés locales ?

Deux outils principaux sont en cours d’élaboration. Le premier est une évaluation du cycle de vie et un calculateur d’empreinte carbone, qui permet de comparer les blocs de terre au béton de sable.

Le second est un outil de simulation énergétique qui montre comment les murs en terre améliorent le refroidissement et réduisent les factures d’électricité.

Ces outils permettent aux constructeurs et aux collectivités de constater les avantages tangibles des choix durables.

Comment mesurez-vous la réduction de l’empreinte carbone ou les gains d’efficacité énergétique ?

Nous mesurons l’efficacité par la réduction des factures d’électricité et des charges de refroidissement. L’amélioration de la latérite avec de la fibre de coco, par exemple, a permis de réduire la chaleur à l’intérieur des bâtiments et de diminuer la demande d’énergie.

Nos évaluations du cycle de vie permettent également de suivre les émissions depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la production.

Quels défis avez-vous relevés en combinant les méthodes traditionnelles et les technologies modernes ?

Le coût initial de l’installation est un obstacle. Mais surtout, il y a un problème de perception : beaucoup considèrent encore les bâtiments traditionnels comme une « architecture du pauvre » et les blocs de ciment comme un symbole de statut social.

Changer ces attitudes est aussi important que les innovations techniques.

Fibre de coco pour renforcer les blocs de latérite. Crédit : Prof. Callistus Tengan

Comment les communautés réagissent-elles au projet ?

Les communautés ont apporté un immense soutien à l’équipe de recherche chaque fois que nous nous sommes rendus sur place pour dialoguer avec elles, recueillir des données et des informations pour le projet, ainsi que lors des sessions d’éducation communautaire pour expliquer la nécessité d’un développement vert durable et intelligent sur le plan climatique dans la région.

En ce qui concerne les changements, les différentes communautés doivent encore les adopter car elles sont encore en train de les accepter et de les apprécier.

Ce travail a-t-il un impact sur les politiques ? Les gouvernements ou les autorités locales s’engagent-ils dans cette voie ?

Nous nous attendons à un impact politique lorsque les résultats seront publiés et partagés.

Ces résultats permettront d’orienter les politiques du logement, les normes de construction et les mesures d’incitation en faveur des matériaux durables dans les années à venir.

Quel rôle a joué SGCI dans le projet ?

SGCI, ainsi que MESTI, ont fourni à la fois un financement et un soutien technique. Leur soutien a été déterminant pour nous aider à atteindre nos objectifs.

N’hésitez pas à lire les histoires et à nous faire part de vos commentaires. Nous serions ravis d’avoir de vos nouvelles !

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Article de Jackie Opara-Fatoye

Publié le 2 octobre 2025

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