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Les partenariats de recherche équitables donnent de meilleurs résultats. Par Gilbert Nakweya [NAIROBI] Les chercheurs africains sont souvent sous-estimés et marginalisés dans le cadre des projets de recherche collaboratifs. En…
Les partenariats de recherche équitables donnent de meilleurs résultats.
- Les chercheurs africains sont souvent marginalisés dans les partenariats de recherche
- Les partenariats équitables favorisent l’intégrité de la recherche
- Les partenariats inégaux « conduisent à une interprétation biaisée des données »
Par Gilbert Nakweya
[NAIROBI] Les chercheurs africains sont souvent sous-estimés et marginalisés dans le cadre des projets de recherche collaboratifs. En conséquence, les problématiques scientifiques présentent des lacunes et l’interprétation des données est biaisée, ont affirmé des responsables universitaires lors d’un débat.
Des universitaires se sont exprimés à ce propos dans le cadre d’un séminaire en ligne sur les partenariats équitables et inclusifs, qui s’est tenu le 3 mai dernier sous l’égide de l’Association de l’Afrique australe pour la gestion de la recherche et de l’innovation (SARIMA).
Ils ont souligné les rapports de force inégaux qui prévalent dans les partenariats de recherche entre les scientifiques africains d’une part et, d’autre part, leurs homologues originaires des pays à revenus plus élevés.
SARIMA, une association qui fait partie de l’organisation des gestionnaires de la recherche et de l’innovation, contribue au renforcement des compétences dans la gestion de la recherche pour les organismes subventionnaires de la recherche scientifique en Afrique.
« Les appels pour financer les projets de recherche sont lancés par les agences de financement du Nord global », indique Lyn Horn, directrice du bureau de l’intégrité de la recherche à l’université du Cap, en Afrique du Sud.
« Des partenariats et des consortiums sont mis sur pied pour répondre aux appels à projets, et les chercheurs du Sud global n’y sont associés que parce que c’est une obligation. »
Elle ajoute que l’inégalité et l’injustice au sein des partenariats de recherche entre les Africains et leurs homologues des pays à revenus plus élevés peuvent saper l’intégrité de la recherche.
« L’inégalité et le manque de justice dans les partenariats de recherche nuisent à l’intégrité de la recherche », dit-elle.
L’intégrité de la recherche repose sur l’honnêteté et la transparence qui doivent prévaloir tout au long du processus de recherche. Ce qui demande des ressources adéquates, notamment un soutien financier, humain et organisationnel, explique-t-elle.
« Si les critères et les processus retenus pour financer la recherche ne tiennent pas compte du manque d’organisation et de ressources humaines, des taux de change et des ressources budgétaires insuffisantes, les chercheurs africains pourraient être désavantagés de manière injuste », avertit la chercheure.
Elle a ajouté qu’en conséquence, les fonds alloués pourraient être réduits à cause de budgets serrés qui peuvent nuire à l’intégrité de la recherche.
Pour Lyn Horn, si tous les partenaires ne sont pas impliqués de manière égale dans les équipes de recherche, en particulier dans les cas où la race, l’appartenance ethnique, le genre et la culture entrent en considération, l’interprétation des données peut être biaisée. De même, les programmes de recherche peuvent présenter des lacunes et négliger des problématiques scientifiques importantes.
« La position dominante des bénéficiaires de subventions dans les pays aux revenus élevés peut exercer une influence excessive sur la méthodologie et l’analyse scientifiques », a-t-elle ajouté.
Rennie Munyayi, responsable des études doctorales à l’Université des sciences et techniques de Namibie, a indiqué que, dans le cas des partenariats entre chercheurs africains et chercheurs de pays à revenus plus élevés, les chercheurs africains se voyaient attribuer des budgets plus réduits et des fonctions annexes.
« Nous sommes en droit de nous demander si ce sont de véritables collaborations de recherche, ou s’il s’agit d’une simple implication de parties prenantes », a-t-elle ajouté. Pour Rennie Munyayi, les chercheurs africains sont également marginalisés lors des prises de décisions. « Ils sont privés de tout pouvoir », a-t-elle estimé.
Elle a ajouté qu’en permettant aux chercheurs africains de prendre l’initiative pour définir les objectifs de recherche, la méthodologie adéquate et les retombées attendues, l’université des sciences et techniques de Namibie défend l’intégrité de la recherche.
« Pratiquer une recherche éthique et engagée au niveau sociétal est désormais au coeur des principes qui régissent les partenariats de recherche dans notre l’université », a-t-elle expliqué.
Rennie Munyayi indique que les chercheurs de l’université des sciences et techniques de Namibie ont désormais accès à des compétences, à des ressources et à des opportunités qui leur permettent de participer à des projets de recherche internationaux et même d’en diriger certains.
Elle exhorte les pays du Sud global à investir davantage dans la recherche. Elle appelle aussi les chercheurs africains et les organismes de recherche du continent à ne forger des partenariats que s’ils sont bénéfiques pour toutes les parties.
« Ne signez des partenariats que si vous êtes sûr de pouvoir faire entendre votre voix, si possible avant la définition du programme de recherche et le début des travaux », a-t-elle précisé. « La collaboration devrait commencer avant même l’obtention du financement. »
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