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Le Malawi mise sur l’éthanol comme alternative durable et économique à l’essence importée. Par Paul Adepoju Le Malawi travaille à augmenter sa production d’éthanol grâce à des partenariats public-privé dans…

Le Malawi mise sur l’éthanol comme alternative durable et économique à l’essence importée.

  • Le Malawi travaille à augmenter sa production d’éthanol
  • Il estime que l’éthanol peut être une alternative viable à l’essence qui est coûteuse
  • Peu de véhicules roulent à l’éthanol à ce jour en raison d’une production insuffisante

Par Paul Adepoju

Le Malawi travaille à augmenter sa production d’éthanol grâce à des partenariats public-privé dans le but de produire un carburant moins cher et plus propre, selon une haute responsable.

L’éthanol, qui est fabriqué à partir de l’amidon des grains de maïs, transformés en sucre puis fermentés, est moins polluant que l’essence et émet ainsi moins de dioxyde de carbone.

Cependant, le rendement est plutôt faible, ce qui constitue un problème, sans compter les coûts de production élevés.

Gift Kadzamira, la directrice générale de la Commission malawite pour la science et la technologie (NCST), indique que le ministère de l’Energie du pays travaille de concert avec des entreprises malawites et étrangères pour augmenter la production de ce biocarburant.

« Le gouvernement, sur la base de rapports démontrant que l’utilisation de l’éthanol peut réduire de manière significative la nécessité de changer des devises, stabiliser les prix des carburants, diminuer les frais d’entretien des véhicules et faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, estime qu’il s’agit d’un projet réaliste, si notre pays est en mesure de surmonter les obstacles actuels et de répondre aux attentes futures, surtout avec un parc automobile en expansion », ajoute-t-elle.

Cette initiative, dirigée par le NCST et qui bénéficie d’un soutien financier de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS), a pour objectif de favoriser la croissance économique, de protéger l’environnement et d’aider le Malawi à atteindre l’autonomie énergétique.

Une station de distribution d’éthanol à Sao Paulo au Brésil (Mariordo Mario Roberto Duran Ortiz, CC BY 3.0.)

Ce projet, qui a débuté en 2012 à partir de recommandations faites par les chercheurs, s’est attaché à augmenter les capacités de production d’éthanol, à fixer des tarifs concurrentiels, à ouvrir des stations-service et à encourager la conversion des véhicules pour qu’ils puissent rouler à l’éthanol.

Il a d’abord connu un revers quand le gouvernement a adopté une politique indexant le prix de l’éthanol à celui de l’essence, ce qui a fait que la production d’éthanol a été moins rentable pour les producteurs. Toutefois, le gouvernement est par la suite revenu sur cette politique, donnant alors un coup de fouet à la production d’éthanol.

Gfit Kadzamira indique que, même si le projet ne fait que démarrer, des progrès ont déjà été réalisés, avec la création d’infrastructures et la conversion de véhicules.

« Quelques voitures ont été importées dans le pays pour démontrer la faisabilité du projet. Par ailleurs, des techniciens malawites ont été formés pour pouvoir convertir les véhicules afin qu’ils puissent rouler à l’éthanol », explique-t-elle.

Le prix de l’essence augmentant, cette initiative remporte une forte adhésion, ajoute-t-elle. Toutefois, peu d’automobilistes ont adopté ce carburant, en raison d’une production d’éthanol insuffisante. C’est l’un des problèmes principaux que rencontre le projet.  

En 2022, suite à la mise en place d’un nouveau gouvernement au Malawi, des retards ont aussi été enregistrés quand il s’est agi de convaincre certains ministres, indique-t-elle.

La production annuelle totale d’éthanol au Malawi s’élevait à 18 millions de litres en 2023. « Cela n’est pas suffisant pour répondre aux besoins futurs en éthanol », ajoute-t-elle.

Succès sur le long terme

Gift Kadzamira insiste sur le fait que le NCST est déterminé à relever les défis qui empêchent le projet sur l’éthanol de se développer complètement.

« Nous devons veiller à ce que tous les acteurs du système, du gouvernement aux industriels en passant par les chercheurs, soient sur la même longueur d’onde et qu’ils travaillent de concert pour atteindre un objectif commun. »

Elle estime que cette approche est cruciale si l’on veut remédier aux déficits de production actuels et faire en sorte que l’éthanol devienne une alternative à l’essence sur le long terme au Malawi.

L’IOSRS joue un rôle essentiel en apportant des financements et en facilitant le renforcement des compétences au sein de la communauté de chercheurs au Malawi, ajoute-t-elle.

« Nous avons pu fournir des moyens et des fonds à davantage de chercheurs et d’innovateurs dans le pays grâce au soutien de l’IOSRS », indique Gift Kadzamira.

L’IOSRS appuie les conseils subventionnaires de la recherche scientifique en Afrique pour apporter un soutien financier à la recherche et aux stratégies reposant sur des données fiables qui contribuent au développement économique et social des pays.

Nghiem Phu Nhuan, chercheur en biocarburant et co-auteur d’un ouvrage sur la technologie des procédés d’ingénierie des biocarburants, estime que le principal problème de production d’éthanol à une échelle commerciale est lié au coût.

Mais, selon lui, des progrès ont été réalisés dans plusieurs domaines et les avancées techniques sont prometteuses, ce qui fait que les coûts pourraient être réduits. 

Il se dit optimiste quant à l’avenir, mais il estime qu’il est difficile de dire quand l’éthanol pourra être adopté par le plus grand nombre.

« Je crois que l’avenir nous sourit. Mais je ne suis pas en mesure de dire quand l’éthanol pourra devenir une industrie viable », ajoute-t-il.

L’IOSRS est une initiative multilatérale qui a été mise en place pour renforcer les compétences institutionnelles des agences publiques de financement de la recherche scientifique en Afrique sub-saharienne dans le but d’apporter un soutien financier à la recherche et aux stratégies reposant sur des données fiables qui contribuent au développement économique et social.

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