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Dans cet article de « Ask the expert », Lorenza Fluks parle du projet « Gender, Equity, and Inclusivity » (GEI) de la Science Granting Councils Initiative (SGCI), dirigé par le Human Sciences Research…
Dans cet article de « Ask the expert », Lorenza Fluks parle du projet « Gender, Equity, and Inclusivity » (GEI) de la Science Granting Councils Initiative (SGCI), dirigé par le Human Sciences Research Council en collaboration avec Jive Media Africa, Portia UK, et Gender at Work, qui a soutenu le travail de base pendant la phase I.
1. Parlez-nous du travail que vous avez effectué dans le cadre de l’initiative SGCI pour l’égalité entre les femmes et les hommes et l’inclusion (IEG).
Le projet GEI est intégré au SGCI, qui est mis en œuvre dans toute l’Afrique subsaharienne depuis 2015 pour renforcer la recherche et l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes en faveur du développement socio-économique. En 2020, le genre et l’inclusion ont été introduits en tant que thème transversal, en reconnaissance du fait que les inégalités persistantes dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) compromettent à la fois l’excellence et la durabilité.
Les femmes restent sous-représentées dans les STIM, en particulier aux stades avancés de la carrière, et leur participation diminue aux niveaux supérieurs d’étude, de leadership et de recherche – une tendance souvent désignée par l’expression « tuyau percé ». Malgré des années d’attention politique, les données de l’UNESCO et d’autres preuves confirment que les disparités restent bien ancrées. Dans ce contexte, notre projet est fondé sur l’intégration de l’égalité des genres, de l’inclusivité et de l’intersectionnalité dans l’octroi de subventions comme levier de changement systémique dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation (STI).
Les organismes de financement de la recherche, y compris les conseils scientifiques, jouent un rôle essentiel dans l’élaboration de l’écosystème de la science, de la technologie et de l’innovation. En intégrant les principes de l’IEG dans l’octroi des subventions, les conseils influencent la production de connaissances, l’allocation des ressources et l’infrastructure. La promotion de l’égalité des sexes est essentielle non seulement pour les femmes et les filles, mais aussi pour l’excellence scientifique et le développement durable.
Phase I (2020-2023) :
La première phase s’est concentrée sur l’apprentissage participatif par l’action, la production et le partage de connaissances. En utilisant une approche d’apprentissage par l’action en matière de genre, dirigée par Gender at Work, nous avons organisé des ateliers et un accompagnement en ligne. Tous les conseils n’ont pas pu s’engager pleinement en raison de contraintes de capacité, c’est pourquoi nous avons offert une assistance technique ciblée pour développer des plans d’action spécifiques au contexte.
Les activités de production de connaissances comprenaient un examen rapide des concepts de l’IEG dans l’ICSG, une étude documentaire et des études qualitatives visant à approfondir la compréhension du contexte. Les Conseils ont également entrepris des activités à petite échelle pour intégrer l’IEG dans leurs processus sans ressources externes importantes, regroupées en quatre domaines :
- Construire l’infrastructure organisationnelle de l’IEG ;
- Modification des normes et pratiques informelles renforçant l’inégalité ;
- Mettre en œuvre des mesures ciblées pour améliorer l’accès et les opportunités ;
- Promouvoir l’appropriation collective des IEG dans l’ensemble de l’écosystème STI.
La synthèse et le partage des connaissances étaient également des piliers essentiels. Nous avons introduit les « Feminars » (webinaires axés sur le genre), produit des notes d’information et des bulletins d’information, et élaboré des vidéos de réflexion et des affiches. La phase s’est achevée par un sommet de l’apprentissage célébrant les réalisations et renforçant l’apprentissage par les pairs.
Phase II (2023-2025) :
La phase II se concentre plus explicitement sur le cycle d’octroi de subventions, en lien avec notre idée que les bailleurs de fonds jouent un rôle crucial dans la transformation du genre. Plutôt que d’intervenir sur l’ensemble des mandats des conseils, nous avons donné la priorité au cycle d’octroi des subventions, car il offre plusieurs points d’entrée pour faire progresser l’IEG tout en s’alignant sur le travail principal des conseils, qui consiste à façonner la STI.
L’un des principaux résultats est une feuille de route élaborée conjointement pour intégrer l’IEG et l’intersectionnalité dans l’octroi des subventions, adaptable à divers contextes.
Douze des treize conseils ont pris des mesures pour intégrer l’IEG dans leur travail avec le financement de la NRF et de la DFG. Ces mesures comprennent la révision ou l’élaboration de cadres politiques, l’adaptation des appels à propositions pour refléter les objectifs de l’IEG, la formation des évaluateurs et des chercheurs et l’étude des écarts entre les sexes dans les systèmes de financement.
Nous menons également des recherches qualitatives sur les trajectoires des hommes et des femmes dans les STIM afin de déterminer comment les écosystèmes scientifiques peuvent être plus inclusifs et plus favorables.
2. Comment le HSRC s’est-il engagé dans les programmes d’égalité entre les femmes et les hommes de SGCI, et comment cela s’est-il aligné sur vos objectifs institutionnels ?
Le projet SGCI GEI a été façonné par des approches participatives, d’action-réflexion et d’apprentissage par les pairs. Dès le début et tout au long des deux phases, nous avons appliqué les principes de participation et de collaboration, en nous appuyant sur l’expertise des membres du conseil pour définir les activités et les priorités.
L’un des éléments clés a été la création d’opportunités significatives d’apprentissage entre pairs par le biais d’ateliers et d’un accompagnement en ligne. Les membres du Conseil estiment que ces espaces les aident à faire progresser leur travail tout en contribuant à la fois à l’apprentissage et à l’enseignement.
Nous utilisons le continuum du genre comme cadre pour guider les interventions, de l’indifférence au genre à la transformation du genre. Au départ, de nombreux conseils se situaient à l’extrémité « indifférente au genre » ou « consciente du genre ». Au fil du temps, grâce à un engagement soutenu, ils intègrent de plus en plus la sensibilité au genre et aspirent à l’octroi de subventions qui transforment le genre. Les conseils peuvent désormais dire avec assurance où ils se situent sur ce continuum et comment ils intègrent l’intersectionnalité.
Cette trajectoire reflète l’engagement institutionnel du HSRC en faveur de la recherche engagée. Les méthodes participatives intégrées dans l’IEG de SGCI sont conformes à notre mission, qui consiste à mener des recherches présentant une valeur publique évidente. En encourageant l’apprentissage par les pairs et en soutenant les parcours des conseils, le projet a fait progresser l’agenda de la SGCI en matière de genre et a renforcé l’objectif du HSRC de changement systémique par le biais de processus participatifs fondés sur des données probantes.
3. Quels sont les principaux enseignements tirés du soutien apporté à l’intégration de la dimension de genre dans l’écosystème scientifique africain ?
L’un des principaux enseignements a été l’importance pour les conseils de s’approprier le processus en identifiant et en menant des activités adaptées à leur contexte. L’approche participative, associée à l’apprentissage par l’action et à la réflexion, s’est avérée efficace. Il était essentiel de reconnaître que les conseils se trouvaient à des stades différents de leur parcours en matière d’IEG.
Il était également essentiel d’ancrer l’IEG et l’intersectionnalité dans les réalités locales. Les membres du Conseil ont défini les concepts dans leur propre contexte, ce qui a renforcé l’appropriation et la pertinence. Une fois que les membres ont saisi l’importance de l’IEG, ils ont compris que l’exclusion des femmes et des groupes marginalisés représentait une perte de talents et d’opportunités. Des changements pratiques, tels que la diffusion des appels au-delà des sites web des conseils, peuvent faire la différence.
Nous avons également constaté l’ingéniosité des conseils dans des contextes contraignants. Les partenariats stratégiques avec d’autres divisions, des académies des sciences, des départements universitaires sur l’égalité des sexes ou des ministères de l’égalité des sexes sont apparus comme des facteurs de réussite. Ces collaborations ont permis de combler les lacunes internes et d’amplifier l’impact de l’IEG.
Toutefois, des lacunes subsistent. Il convient d’accorder davantage d’attention au contrôle et au suivi des résultats de l’intégration de l’IEG et de l’intersectionnalité dans l’octroi des subventions. De même, l’intégration des considérations liées à l’IEG dans le contenu même de la recherche, par opposition aux seuls processus, doit faire l’objet d’une plus grande attention. Il sera essentiel de s’attaquer à ces domaines pour garantir que les progrès sont non seulement soutenus, mais aussi traduits en changements durables dans l’écosystème scientifique de l’Afrique.
4. Pouvez-vous nous parler d’un changement de politique, d’un programme ou d’un effort de recherche qui a résulté de cette collaboration avec le SGCI ?
Cette collaboration a catalysé des changements politiques et programmatiques au sein des conseils. Au Sénégal, le conseil a été invité par le gouvernement national à diriger l’élaboration d’une politique nationale en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, montrant ainsi que les conseils généraux sont reconnus comme des acteurs clés de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, au-delà du financement de la recherche.
D’autres conseils ont développé des outils pour institutionnaliser le changement, tels que du matériel de formation, des cadres et des lignes directrices intégrant l’IEG et l’intersectionnalité dans les pratiques quotidiennes. Ces ressources sont utilisées pour sensibiliser les évaluateurs, les chercheurs et le personnel des conseils, et pour façonner les futurs appels et décisions de financement.
5. D’après votre expérience, que faut-il faire pour dépasser le stade de la symbolique et parvenir à une véritable transformation structurelle en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ?
Une véritable transformation nécessite des interventions soutenues et multiformes qui s’attaquent aux dimensions visibles et moins visibles de l’inégalité. Le cadre de Gender at Work met en évidence quatre domaines : (i) la conscience et la sensibilisation ; (ii) l’accès aux ressources et aux opportunités ; (iii) les normes culturelles informelles et les structures profondes ; et (iv) les politiques formelles et les dispositions institutionnelles.
Lors du sommet de l’apprentissage de juin 2025, les activités des conseils ont été comparées à ces domaines. Les progrès sont évidents en ce qui concerne la sensibilisation, les ressources et les cadres politiques, mais des lacunes subsistent dans la lutte contre les normes informelles et les structures profondes. Il est plus difficile de changer les mentalités, les valeurs et les hiérarchies que d’introduire des politiques. Les normes relatives aux rôles, au pouvoir et à l’autorité des hommes et des femmes sont profondément ancrées dans les cultures institutionnelles et les sociétés en général. Elles opèrent souvent de manière invisible, déterminant les personnes dont la voix est entendue et dont le travail est valorisé.
Ces normes culturelles étant moins tangibles, les conseils peuvent avoir l’impression d’avoir moins de « points d’entrée » pour les aborder que les réformes politiques ou les programmes de formation. Elles nécessitent également du temps, de la confiance et un dialogue collectif. Et ce sont des ressources qui sont plus difficiles à mobiliser dans des institutions déjà très sollicitées. Pourtant, si l’on ne s’attaque pas à ces structures profondes, le risque est que les nouvelles politiques restent performatives ou symboliques, avec un impact réel limité sur les expériences vécues par les femmes et les groupes marginalisés dans le domaine des sciences.
Une véritable transformation exige donc des stratégies délibérées pour faire apparaître et modifier ces normes informelles, parallèlement à des réformes plus visibles. Il peut s’agir de favoriser des espaces de dialogue sûrs, de promouvoir des modèles qui remettent en cause les stéréotypes, d’encourager les hommes à s’engager en tant qu’alliés et de créer des mécanismes de responsabilisation qui rendent les institutions responsables du changement de culture. Ce n’est que lorsque ces quatre domaines sont abordés de concert que les efforts en matière d’équité entre les sexes peuvent aller au-delà du symbolisme et créer une transformation durable et systémique de l’écosystème scientifique africain.
6. Comment le programme a-t-il permis aux femmes scientifiques et professionnelles de s’émanciper au sein de votre réseau ou de votre institution, ainsi que des conseils ?
Bien que le projet SGCI-GEI ne se soit pas engagé directement auprès des femmes scientifiques, il a créé des espaces importants pour les femmes professionnelles du financement de la recherche au sein des conseils de subventionnement de la science afin de renforcer leurs connaissances et leur leadership dans la promotion de l’égalité des sexes et de l’inclusion. Nombre de ces femmes ont été directement impliquées dans les processus d’apprentissage par les pairs, de formation et d’accompagnement technique du projet. Grâce à ces engagements, elles ont pu approfondir leur compréhension des raisons pour lesquelles l’IEG et l’intersectionnalité sont essentielles au financement de la recherche, et acquérir des outils pratiques pour intégrer ces principes dans les appels à propositions, les processus d’examen et les cadres politiques.
Plusieurs femmes professionnelles ont indiqué que le projet leur avait donné la confiance et le langage nécessaires pour défendre plus efficacement l’IEG au sein de leurs conseils et pour influencer leurs collègues et les décideurs. Dans de nombreux cas, elles ont pris la tête des initiatives institutionnelles en matière d’IEG, se positionnant en tant qu’agents de changement au sein de leur organisation. Au-delà des avantages individuels, leur participation a également contribué à faire évoluer les cultures institutionnelles. Cela démontre que lorsque les femmes bénéficient de connaissances, de réseaux et d’opportunités d’échange entre pairs, elles peuvent jouer un rôle central dans l’avancement des changements structurels au sein de l’écosystème du financement scientifique.
7. Quels conseils donneriez-vous à d’autres institutions désireuses de mettre en œuvre des stratégies efficaces en matière d’égalité des sexes dans le domaine scientifique ?
Mon principal conseil est simple : commencez. Même de petits changements progressifs peuvent ouvrir la voie à des changements plus importants au fil du temps. Attendre le « moment idéal » ou des ressources complètes retarde souvent inutilement les progrès. Ce qui compte, c’est de prendre des mesures intentionnelles dès maintenant.
Le cadre que nous avons élaboré au cours de la phase II du projet SGCI-GEI est un point d’entrée pratique pour les professionnels du financement de la recherche. Il explique non seulement pourquoi l’intégration de l’IEG et de l’intersectionnalité est importante, mais il fournit également des étapes claires et réalisables pour intégrer ces principes à différents moments du cycle d’octroi des subventions. Les institutions peuvent s’en servir comme d’un guide pour déterminer par où commencer, qu’il s’agisse de gains rapides immédiatement réalisables ou de réformes plus ambitieuses nécessitant une planification et des ressources supplémentaires.
Il est tout aussi important de cultiver un état d’esprit intentionnel : reconnaître que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas seulement une « bonne chose à avoir », mais qu’elle est essentielle pour libérer tout le potentiel des systèmes de recherche nationaux. Lorsque chaque chercheur, quel que soit son sexe ou son parcours, bénéficie d’un accès équitable aux financements et aux opportunités, c’est le pays tout entier qui profite de la richesse de ses talents scientifiques.
Il s’agit de la version intégrale de l’entretien. Une version plus courte sera publiée dans le magazine du 10e anniversaire de la SGCI.
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