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L’insuffisance des fonds publics montre la nécessité d’une participation des entreprises et sociétés privées au financement des travaux et programmes de recherche scientifique. [ABIDJAN, SciDev.Net] Le financement de la recherche…

L’insuffisance des fonds publics montre la nécessité d’une participation des entreprises et sociétés privées au financement des travaux et programmes de recherche scientifique.

[ABIDJAN, SciDev.Net] Le financement de la recherche scientifique demeure un défi majeur en Côte d’Ivoire. Selon le gouvernement ivoirien, c’est 0,35% du PIB qui est consacré à la recherche. Un chiffre en deçà de l’objectif de 1% du PIB alloué aux dépenses d’investissement en recherche et développement, fixé par l’Union africaine (UA).

Les projets et programmes de recherche scientifique et d’innovation sont financés par le Fonds pour la science, la technologie et l’innovation (FONSTI).

Rodrigue Adjoumani Kouakou, enseignant-chercheur à l’Unité de formation et de recherche (UFR) des sciences fondamentales appliquées de l’université Nangui Abrogoua d’Abidjan, reconnait l’importance de ce fonds de soutien à la recherche. Il affirme cependant que le financement public des travaux de recherche ne satisfait pas les attentes.

« Bien qu’insuffisant, le financement public est très apprécié au niveau de la recherche. On a quand même une institution vers laquelle se tourner lorsqu’on veut développer des projets. Seulement, les fonds du FONSTI sont soumis à compétition. Or, il y a des thématiques qui sont bonnes, et certaines ne sont pas souvent retenues à l’issue de ces compétitions », déplore le chercheur, lauréat 2025 du prix du jeune chercheur pour son projet de production de biogaz à partir des fientes de poules.

Ce projet, récompensé par l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (ASCAD), a été développé grâce à l’appui financier du FONSTI, du CRDI et du privé, confie le chercheur.

À en croire Léopold Bodo, chef du département Capital humain et développement social à la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), face à l’insuffisance des financements publics, le secteur privé apporte sa contribution.

Cette source salue « l’ouverture créée », soutenant que « les choses ont un tout petit peu évolué parce qu’avant, les deux mondes de l’entreprise et de la recherche scientifique étaient dos-à-dos. Mais depuis 2007, l’État de Côte d’Ivoire et le patronat ont signé un accord de collaboration pour professionnaliser l’enseignement, développer la science et l’innovation ».

« De notre collaboration, ajoute-t-il, est né ce qu’on appelle le prix du patronat pour la recherche et l’innovation. Il y a aussi la création du marché de l’innovation et de la recherche (MIR), deux initiatives du patronat pour faire la promotion de la recherche et de l’innovation », dit-il.

Dans cette dynamique, la Société des énergies nouvelles (SODEN), qui collabore avec l’université Nangui Abrogoua, à travers l’Institut de recherche sur les énergies nouvelles (IREN), a accordé un financement de 50 millions FCFA pour un inventaire sur la biomasse.

Selon le directeur technique de cette entreprise, Yacouba Bado, « il faut un ensemble, et la recherche scientifique doit appuyer le développement ».

Quasi-absence du secteur privé

Les organisations d’enseignants-chercheurs et de chercheurs Ivoiriens estiment cependant que l’engagement du secteur privé dans le financement de la recherche n’est pas à la hauteur des attentes.

« Quand on fait la comparaison au niveau de la recherche, par rapport au financement public, le secteur privé est quasi-absent. Les quelques entreprises ou société privées qui vont dans ce sens-là, c’est très limité. Et généralement, c’est par rapport à des questions qui les intéressent qu’elles avancent des financements », affirme Oumar Yéo Kanabin,

Ce dernier est le premier responsable de l’Unité d’action syndicale, regroupement d’associations de défense des intérêts des enseignants-chercheurs et chercheurs des universités, centres et instituts de recherche et grandes écoles publiques.

Abondant dans le même sens, Louis-Marius Koba, enseignant-chercheur en sciences de gestion à l’université Alassane Ouattara, secrétaire général national du Syndicat autonome pour garantir l’épanouissement des enseignants-chercheurs et chercheurs de Côte d’Ivoire, soutient que le secteur privé tente plus au moins de faire ce qu’il peut pour le financement de la recherche scientifique.

« Pour nous, ces interventions ne sont pas très importantes parce qu’elles ne sont pas visibles… Il y a peu de communication autour des actions du secteur privé. C’est vrai, il (secteur privé) agit, mais pas de façon efficiente. Leurs actions sont très minimes. Il y a un manque de collaboration entre les universités et le secteur privé », précise l’enseignant-chercheur.

Commission paritaire enseignement supérieur-secteur privé

Face à ce constat, des acteurs du secteur privé pointent en revanche l’attitude peu coopérative des chercheurs. « On ne vient vers nous que lorsqu’on a besoin de financement. Ça, c’est la remarque que j’ai faite. Mais est-ce que c’est cela la relation du partenariat ? Non, ce n’est pas ça », regrette Léopold Bodo.

Pour ce dernier, la collaboration avec l’enseignement technique est plutôt bonne contrairement à celle avec l’enseignement supérieur.

« Nous avons demandé une immersion des enseignants en entreprise. Pour se rendre compte de la réalité. Afin, par exemple, de réorienter l’enseignement. Au niveau de l’enseignement technique, pas de problème…Et on a décidé de leur apporter chaque année au moins 10 millions de FCFA (environ 18 000 dollars) pour former les enseignants ou bien sortir des ouvrages didactiques. Et on le fait », illustre-t-il.

« Quand vous allez interroger des universitaires, beaucoup vont vous dire qu’ils ne savent même pas qu’il existe une commission paritaire enseignement supérieur-secteur privé », déplore le chef du département capital humain et développement social à la CGECI.

Yacouba Bado pense pour sa part que les chercheurs ne tiennent pas compte des objectifs des entreprises du secteur privé lorsqu’ils sollicitent des financements.

« […] Je dis souvent aux chercheurs que si vous vous intéressez à une entreprise, cherchez à savoir de quoi elle a besoin, quels sont ses objectifs, quels sont ses moyens… »

Avantages fiscaux

Oumar Yéo Kanabin affirme qu’on gagnerait tous à ce que le secteur privé prenne toute sa place en investissant dans les projets et programmes de recherche pour combler les besoins en termes d’innovation et de développement.

Pour lui, il faut d’abord encourager le secteur privé à financer les instituts et centres de recherche, les universités, ainsi que les programmes de recherche.

« Quand une entreprise du privé décide d’accompagner un programme ou un projet de recherche, il faut qu’en retour, l’État la prenne comme partenaire. Et même des projets peuvent être co-financés par les fonds publics et les fonds privés. Pour ce faire, il faut aussi encourager, les entreprises en leur faisant des avantages au niveau financier et fiscal », propose-t-il.

Il souligne également l’importance de la valorisation des produits de la recherche. « Il faut les vulgariser pour que les autres sachent qu’effectivement c’est la recherche qui fait le développement », soutient-il.

Pour Yacouba Bado, les chercheurs devraient davantage se rapprocher du secteur privé pour formaliser les procédures de collaboration. « Ce que nous demandons aux chercheurs c’est de venir. Venez et formalisez cela à travers des études, à travers de la recherche », dit-il.

Contacté par SciDev.Net, le FONSTI n’a pas donné suite aux demandes d’informations sur le niveau d’engagement du secteur privé dans les fonds qu’il distribue dans le cadre du financement de la recherche scientifique.

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